Antoine Lutz du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL – CNRS/Université Claude-Bernard Lyon 1/Université Jean-Monnet/Inserm) nous explique pourquoi :
la crise que nous traversons provoque de nombreux changements dans notre quotidien : dans les habitudes scolaires, les habitudes de travail et d’activités sociales, mais aussi dans le degré de nos activités physiques et celui du stress lié aux incertitudes. Vais-je attraper la maladie, va-t-elle frapper l’un de mes proches ? Si c’est le cas, va-t-il ou va-t-elle s’en sortir ? Sans parler de toutes les incertitudes liées aux conséquences économiques et financières… Nos réponses à ces changements sont autant de facteurs de stress : culpabilité de ne pas pouvoir aider un proche en souffrance, colère envers les restrictions, irritabilité envers des proches, ruminations… Les pratiques de la méditation cultivent essentiellement la capacité à rester ouvert, ancré et sensible quand nous faisons face à la souffrance, afin de pouvoir y répondre avec plus de discernement et de bienveillance pour soi et les autres.
Le stress est une réponse à des situations inhabituelles et à ce titre, il est un état physiologique normal et utile. Mais cette réponse peut être exagérée, disproportionnée ou trop longue dans des situations de stress chronique. Au niveau psychologique, quels sont les mécanismes qui se mettent en place pour réagir face à ce stress ? Souvent nos schémas habituels nous poussent à ignorer ou essayer d'éviter la souffrance. Nous y répondons alors de manière automatique, que parfois nous regrettons ensuite. Par exemple de l’irritabilité, de l’agressivité voire de la violence physique ou psychologique, ou encore des ruminations, des crises de panique ou des jugements excessifs contre soi-même ou les autres.
Les bienfaits cliniques de la méditation pleine conscience sont particulièrement bien établis dans les troubles de l’humeur et de douleur chronique. Mais en plus d’agir au niveau mental, on observe qu’elle peut influencer indirectement notre santé, et notre système immunitaire en particulier.
On utilise différents exercices pour parvenir à la pleine conscience : se concentrer sur sa respiration, sur ses émotions, ses pensées ou encore la perception des sensations physiques dans son corps. Cet état de pleine conscience permet alors d’envisager telle ou telle pensée négative – l’éventualité d’une catastrophe, par exemple – avec plus de discernement, en essayant de comprendre son enchaînement avec d’autres pensées. Graduellement, on est moins accaparé par cette pensée et, donc, on arrête de ressasser ou de ruminer. Il en va de même avec les émotions, qui peuvent facilement nous submerger, ou simplement des situations de la vie ordinaire – marcher, manger, etc.
Des versions laïques des pratiques de méditation sont désormais utilisées dans les hôpitaux et enseignées aux futurs médecins. Ce renouveau d’intérêt pour la méditation dans le soin pourrait répondre à un besoin croissant d’une médecine plus humaniste et préventive.
Plusieurs études longitudinales en imagerie cérébrale ont pu mesurer l’impact des pratiques de la méditation sur la neuroplasticité du cerveau, autrement dit sa capacité à créer, défaire ou réorganiser les réseaux de neurones et les connexions de ces neurones. Cette plasticité peut s’observer en réponse à une intervention de méditation dans les fonctions et l’anatomie du cerveau. Elle se voit notamment dans le cortex insulaire, une région importante pour l’intéroception – la faculté à évaluer correctement notre activité physiologique, par exemple notre rythme cardiaque – et dans le cortex préfrontal, région essentielle pour les processus cognitifs complexes. Ces changements sont associés à des changements dans les performances dans des tâches d’attention et de régulation des émotions.
Les neurosciences présentent aussi l’avantage d’apporter des mesures objectives dans un domaine qui touche de très près à l’intimité de soi-même, à nos émotions, à nos souffrances, toutes choses très subjectives. La compréhension scientifique des pratiques de méditation pourrait permettre de mieux individualiser les différentes approches de méditation en fonction des besoins des patients.
Pour ressentir les bienfaits de la méditation sur le corps et l’esprit, il est nécessaire d’avoir une pratique régulière et soutenue. Cela peut prendre plusieurs semaines, voire des années avant de voir un changement durable dans nos habitudes de vie. La méditation se pratique plus facilement en groupe et avec un enseignant. lire l'article dans son intégralité
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